VHD : le concurrent du laserdisc
Comme c’est souvent le cas lorsqu’une nouvelle technologie arrive sur le marché, la bataille entre les différents constructeurs pour imposer leur propre format fait rage. Si la bonne vieille VHS avait eu droit à sa guerre avec le Betamax, et plus récemment le Blu-ray avec le HD-DVD, le Laserdisc de Pioneer avait pour principal concurrent le VHD (pour Video High Density) de la société JVC.
Bien que ce format ait eu un petit succès d’estime au Japon et aux États-Unis, il n‘arriva jamais chez nous. Sa durée de vie ne dépassa pas les 3 ans de commercialisation.
Basé sur une technologie similaire à celle du Laserdisc (vitesse de rotation élevée, gravure en spirale), la grande différence du VHD était sa présentation. Ce dernier avait pour particularité d’être enfermé dans une coque en plastique à la manière d’une disquette géante. Lorsque vous insérez un VHD dans son lecteur, celui-ci recrache le boîtier protecteur vidé de son disque pour ne conserver que ce dernier dans la machine. L’utilisateur ne tient donc jamais directement le disque entre ses mains.
Ce dernier est fait de la même matière que les disques vinyles classiques. Contrairement au Laserdisc, il n’y a pas de faisceaux lumineux mais un saphir qui viens se poser directement sur le disque. Seul hic, un phénomène d’usure dû au saphir qui frotte sur ce dernier pour le lire abîme évidement la tête de lecture. Il fallait faire changer le Saphir toutes les 2000 heures environ. En ce qui concerne les disques, malgré le fait qu’ils soient protégés dans une coque plastique, ils supportent environ 10 000 lectures.
Si la principale application de ce format était la diffusion de films, le système est devenu très prisé au Japon en tant que machine de karaoké. Mais ce que l’on sait moins, c’est qu’une extension VHD est sortie pour le célèbre ordinateur MSX.
Grâce à un astucieux adaptateur (le IF-C9C), il était possible de relier votre ordinateur à un lecteur VHD de salon. Toutefois, votre lecteur devait être compatible avec ce système (marqué d’un logo VHDPC). De plus, seuls quelques modèles de MSX (comme les Victor HC-90 et HC-95) étaient compatibles et disposaient de la connectique nécessaire à cette opération.
Vous vous en doutez, cela réduisait grandement le champ d’acheteurs potentiels (à la fois obligés de faire l’achat d’un lecteur VHD et de changer également d’ordinateur pour la plupart).
D’après les listes officielles, 10 jeux seraient disponibles sur ce format (tous édités par Victor/JVC, l’inventeur du VHD) :
Alice in Chemical Reaction, Birdie Try, Road Blaster, Star Arthur Legend, The Player Club, Thunder Storm, Time Gal, Video Scramble, Vroom Motorcycle Race et Xevious Map.
Comble de l’ironie, certains jeux avaient tout de même besoin d’un logiciel complémentaire en mémoire dans l’ordinateur pour fonctionner. Cela n’aurait pas semblé ridicule si ces derniers n’étaient pas fournis sur une bonne vieille cassette audio (alors que le MSX dispose de base d‘un port cartouche et que les modèles de MSX de chez Victor étaient souvent dépourvu de lecteur cassette au profit de lecteur disquette… allez comprendre !).
Ainsi, pour profiter d’un jeu « high tech » comme Road Blaster et ses superbes graphismes animés, il fallait charger une bonne vieille cassette audio des familles pour pouvoir en profiter (et attendre parfois plus de 10 minutes, le temps pour le MSX de lire la bande magnétique).
Malgré toute la bonne volonté de l’éditeur, cette extension pour MSX connaîtra le même sort que les lecteurs VHD classiques… A savoir un échec commercial complet et un format vite oublié des consommateurs.
Curieusement, l’extension Laserdisc du MSX (qui était son principal concurrent) ne connut pas non plus de succès. A croire que toute cette génération de jeux sur vidéodisques pourtant très en avance sur leur temps faisait figure de projets maudits.
Aujourd’hui, si trouver des VHD classiques est assez simple (en particulier sur les sites d’enchères américains et japonais), il en est tout autre de ces fameux jeux MSX si particuliers. De plus, leur durée de vie limitée du a la technologie du saphir les rendront totalement inutilisables avec le temps. Un jeu VHD-MSX apparaît en moyenne une fois tous les 2 ans sur les sites spécialisés. Sans parler de l’adaptateur nécessaire pour relier le lecteur VHD à l‘ordinateur lui aussi totalement introuvable.
Là encore, seuls quelques téméraires acharnés ont pu mettre la main sur le peu d’exemplaires circulants de part le monde.
Comme ce fut le cas pour le DVD ou le laserdisc, certains éditeurs tentèrent de créer des jeux interactifs sur VHD compatibles avec n‘importe quel lecteur de salon. En général, ces derniers étaient très limités et se contentaient d’être de simple quizz entrecoupés de scènes animés. C’est le cas de Macross SF Challenge Game, basé sur la célèbre licence du même nom.